Le concert « Solidarité Congo », prévu le 7 avril à l’Accord Arena, est reporté à une date ultérieure suite aux menaces du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez. Ce dernier avait expliqué qu’en cas de maintien de l’événement, il lancerait une procédure d’interdiction « eu égard aux risques de troubles à l’ordre public».
Toute une « victoire » pour les associations tutsies rwandaises pro-Kagame, qui ont mobilisé le réseau français de l’autocrate rwandais pour faire annuler le concert, à défaut de le reporter. Une telle décision n’a rien de surprenant quand on connaît le pédigrée des gens qui dirigent la France aujourd’hui. Elle n’a rien de surprenant quand on connaît également le pédigrée des gens qui constituent le réseau français de Paul Kagame, réseau constitué de bien-pensants de tout acabit : activistes, journalistes, universitaires, politiciens, historiens, militants des droits de l’homme, membres d’organisations rwandaises et étrangères (occidentales particulièrement) acquises aux thèses du Front patriotique rwandais (FPR). Ils font partie de ce que le régime de Kigali appelle «les amis du Rwanda»; ils sont prêts à cracher sur le pays, la France, pour faire plaisir à Paul Kagame.
Pour comprendre le comportement de ces Français à la dignité fluctuante vis-à-vis de leur pays, il faut analyser le comportement d’un certain nombre de Français pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y a des gens qui ont un rapport tout à fait conflictuel avec le courage et la dignité, et la plupart de ces gens-là en font partie. Que ne feraient-ils pas pour plaire à Kigali et au réseau tutsi du FPR de France ? N’est pas Charles de Gaulle qui veut…
Pour revenir au report du concert du 7 avril, je ne peux m’empêcher d’interroger le rôle, la responsabilité, pour ne pas dire le silence, des autorités congolaises dans cette affaire. Une posture qui tranche avec celle de l’ambassade du Rwanda à Paris qui a saisi la Mairie de Paris pour obtenir le report du concert. L’ambassade de RDC s’est-elle mobilisée aux côtés des organisateurs de l’événement ? Pas sûr.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement congolais aurait dû intervenir via des canaux diplomatiques pour faire comprendre aux autorités françaises que tout report du concert aurait des répercussions sur les relations franco-congolaises. Une menace de retrait de la RDC (le premier pays francophone) de la Francophonie, de suspension des chaines françaises (RFI, France 24), etc. aurait certainement fait réfléchir les autorités françaises. Mais bon, en RDC, on n’a pas compris que cette affaire avait une dimension politique et diplomatique qui ne dit pas son nom. Encore une fois, Kigali a «gagné» parce que Kinshasa a fait le choix de ne pas agir…
Par Patrick Mbeko