Congo. Martial SINDA, un poète oublié, s’en est allé le 16 juillet ! Paix à son âme !

DISPARITION. « Sociologue et poète (M’bamou-Sinda, 1935). Fils d’un grand chef matsouaniste, Martial Sinda étudie dans le district de *Kinkala avant d’aller en 1948 poursuivre ses études en France (Le Berry). Quelque temps après, il monte à Paris (Sorbonne) où il côtoie le député Jean *Malonga et des poètes de la négritude. Il participe à la création de l’*Association des Étudiants Congolais le 13 octobre 1952 avec Marie Concko et Hélène *Bouboutou.

En 1955, il se fait connaître par son recueil de poésie Le premier chant du départ, empreint de négritude, qui lui vaut un an plus tard le premier prix littéraire de l’*AEF, le plaçant avec *Tchicaya U Tam’si (Le *mauvais sang) parmi les précurseurs de la poésie congolaise.

Contrairement à ses amis et lettrés congolais de l’époque, il se désintéresse de la poésie et de la politique et poursuit ses études supérieures. Après avoir soutenu en 1961 sa thèse de 3e cycle à la Sorbonne (Le messianisme congolais et ses incidences politiques depuis son apparition jusqu’à l’époque de l’indépendance), il enseigne l’histoire contemporaine dans cette université où il va devenir un grand spécialiste des mouvements messianiques africains. À ce titre, on lui doit Le messianisme congolais et ses incidences politiques : kimbanguisme, matsouanisme, autres mouvements (Payot, 1972). Martial Sinda étudie également d’autres mouvements syncrétiques africains (Harrisme en Côte d’Ivoire, Église éthiopienne en Afrique du Sud, etc.), tout en donnant des enseignements dans plusieurs pays africains (Côte d’Ivoire, Niger, etc.). Ce spécialiste des religions africaines est aussi l’auteur de plusieurs articles parus dans des revues et compte plusieurs participations à des colloques internationaux.

Président d’une association créée à Paris dans les années 90 pour honorer la mémoire de Fulbert *Youlou, Martial Sinda ressuscite l’*UDDIA et rejoint le *MCDDI de Bernard *Kolélas. Sous l’investiture de ce parti, il devient sénateur sous la présidence de Pascal *Lissouba (1992-1997).

En juillet 2011, il a été fait docteur honoris causa de l’université Simon Kimbangu de Kinshasa.

□ Ses principales contributions sociologiques : Martial Sinda, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Payot, 1972. Charles-André Julien (dir.), Matsoua, Les Africains, t. 11, Jeune Afrique, 1977, p. 197-215. André Matsoua, fondateur du mouvement de libération du Congo, ABC, 1978. Simon Kimbangou, prophète et martyr zaïrois, NEA, 1978, 94. « L’État africain postcolonial : les forces sociales et les communautés religieuses dans l’État postcolonial en Afrique », PA, n° 127, 1983, p. 240-260. »

Par Philippe Moukoko

Auteur du Dictionnaire général du Congo-Brazzaville, L’Harmattan, 2 édition, 2019.

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