République du Congo. S’y est éteint M. Agathon Note, un grand homme d’Etat, une des Lumières de l’administration publique congolaise

DISPARITION. Souffrant, M. Agathon Note s’en est allé, le 22 juillet 2025, dans la ville française de Nancy où il avait choisi de s’installer, avec sa famille, au lendemain des violences du 5 juin 1997, à Brazzaville.

Administrateur en chef des SAF de l’administration publique congolaise, M. Agathon Note était l’exemple parfait d’un grand homme d’Etat qui laisse une marque indélébile des services rendus à son pays, dans les annales de l’histoire politico-administrative de la République du Congo.

La carrière professionnelle de M. Agathon Note se définit par une succession d’éminents postes occupés. Et l’on sait que les postes éminents rendent les grands hommes, encore plus grands. Il se compte sur les doigts de la main les Congolais de la génération de M. Agathon Note qui ont atteint sa performance dans la chronologie de leurs emplois.

En effet, au fil de ses années de travail, au Congo, sans une hiérarchisation des étapes, M. Agathon Note a été Inspecteur Général d’Etat, Directeur Général de la Fonction Publique, Directeur Général du Travail, Directeur Général de l’Office National du Commerce(OFNACOM), Directeur Général du Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville, Directeur Général de l’Usine des Tissus Synthétiques, Président de la Chambre de Commerce. En deux ères politiques congolaises différentes, M. Agathon Note fut, à deux reprises, Directeur de Cabinet, avec rang et prérogatives de Ministre, de deux Premiers Ministres. D’abord, avec le Premier Ministre Henri Lopes, sous le mandat du Président Marien Ngouabi. Ensuite, sous le Président Pascal Lissouba, avec le Général Jacques Joachim Yhombi Opango.

Enfin, M. Agathon Note a été, dans des circonstances toutes particulières, un éphémère Président du Conseil Constitutionnel. La Cour Suprême ne pouvant plus, dans sa nouvelle formation résultant de l’élection des Juges à la Cour Suprême, continuer à assumer le rôle du Conseil Constitutionnel, est mis en place, le 19 juin 1997, un nouveau Conseil Constitutionnel.

Garde des Sceaux Ministre de la Justice, je suis présent dans une des salles de réunion de la Banque de Développement des États d’Afrique Centrale(BDEAC) à Brazzaville, où se déroule le scrutin. M. Agathon Note en a été élu Président. M.Zacharie Samba, Vice Président. La prestation de serment de M. Agathon Note, devant le Parlement, réuni en Congrès, est intervenue, le 23 juin 1997. Face à la crise du 5 juin 1997 qui embrasait le pays, est demeurée infructueuse la tentative du Président du Conseil Constitutionnel M. Agathon Note, de reporter la tenue de l’élection présidentielle. L’ensemble des Institutions de la République, sous le Président Pascal Lissouba étant dissout avec le retour au pouvoir du Président Denis Sassou Nguesso.

Hormis le Conseil Constitutionnel où il a siégé, le temps d’une rose, pour les raisons évoquées, M. Agathon Note laisse, dans l’ensemble des structures publiques où il a exercé, une marque d’efficacité et de sérieux. Tant il faisait montre de son patriotisme que complétaient l’expérience, la loyauté et le sens élevé du devoir. Et la série des fonctions qu’a embrassées M. Agathon Note témoigne de son expertise. Bien plus de ses compétences et de ses performances, dans divers domaines d’activités. Toujours animé par une conscience d’intégrité et d’impartialité pour garantir la conformité avec les règles que commande l’exercice de ses charges.

Des qualités morales et professionnelles qui ont valu de la distinction à M. Agathon Note. En séance de Conseil de Cabinet, animé par le Premier Ministre Jacques Joachim Yhombi Opango, M. Agathon Note était éblouissant. Par son savoir et la maîtrise des dossiers, il fascinait et impressionnait les Membres du Gouvernement dont j’étais l’un de ceux là, lorsqu’à la demande du Premier Ministre, M. Agathon Note, son Directeur de Cabinet, était autorisé à prendre la parole, sur un point d’une affaire en débat.

L’homme qu’a été M. Agathon Note était par ailleurs connu pour son exigence et sa rigueur dans sa vie personnelle. Des traits de caractère qui inspiraient le respect et la confiance. Et il est probable que son héritage continue d’insuffler des générations actuelles et futures. L’humilité et l’esprit d’ouverture, M. Agathon Note en cultivait aussi. Deux traits de caractère ayant permis à M. Agathon Note de collaborer efficacement avec les personnels de ses services sous tutelle. Ce qui est souvent une aptitude rare, lorsque les hautes fonctions, telles celles qu’a occupées M. Agathon Note, se muent à tort en moyen d’écrasement de son entourage.

De grande classe et de grande intégrité, M. Agathon Note était respectueux des autres et de ses hiérarchies fonctionnelles. Ce qui était essentiel pour M. Agathon Note qui devait oeuvrer avec différentes équipes et prendre des décisions qui impactaient les autres. Cela, surtout dans les structures à grand nombre de salariés comme le Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville, l’Office National du Commerce et l’Usine des Tissus Synthétiques dont M. Agathon Note tenait à voir les bilans positifs. Caractère qui déterminait que M. Agathon Note était un modèle.

La perte d’un être cher est toujours un moment difficile et douloureux pour les proches. M. Agathon Note, disparaissant, laisse derrière lui une famille qui ressent un vide immense et une profonde tristesse. Ses proches garderont le souvenir de son amour, de sa générosité et de son dévouement pour sa famille et pour son pays.

En ces moments d’intense douleur pour les membres de la famille de M. Agathon Note, particulièrement Mme Ginette Note et les enfants Note, dont j’imagine l’intensité de la peine, que tous trouvent, ici, de ma part, l’expression de mes condoléances. Traduisant ma solidarité avec d’autres proches, amis et connaissances de la famille Note. Puisse la force et le réconfort être en eux, dans les souvenirs qu’ils ont partagés avec M. Agathon Note.

A l’Etat congolais, puissance publique où M. Agathon Note a exercé, sa vie durant, de lui rendre l’hommage qu’il mérite, au nom de la Patrie Reconnaissante. Et que là bas, à l’Eternel Infini, puisse M. Agathon Note reposer en paix.

Adieu Ya Note.

Ya Note, ainsi, je désignais, avec considération, M. Agathon Note. Comme je désignais Ya Henri Lopes, Ya Stéphane Bongho Nouarra et Ya Emmanuel Pambou. Aujourd’hui, tous nous ont quittés.

Paris 24 juillet 2025

Ouabari Mariotti

Ancien Ministre de la Justice.

République du Congo

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