ZOOM. Koffi Olomidé est un rare mélange de génie et de grâce, un savant dosage d’inspiration divine et de discipline artistique. Chez lui, tout respire le travail soigné, le goût du beau, et la quête de l’intemporel.
Les êtres exceptionnels ont souvent le chic de se combattre eux-mêmes par leurs excès. Chez Koffi, c’est sa communication émotionnelle, aussi instinctive qu’émotive, qui lutte parfois contre ce don inouï, ce glissement céleste que Dieu n’accorde qu’à une poignée d’hommes, sur une aussi longue durée et avec une telle constance dans la réussite.
N’est-il pas un fils légitime de la République Démocratique du Congo ? Ce pays-symbole, ce scandale géologique aux entrailles débordantes de richesses ?
Qui, aujourd’hui, dans l’univers de la création artistique, peut encore tenir en haleine des générations entières, sur une journée, sur une vie, avec un répertoire aussi vaste qu’exigeant ? Chez Koffi, la quantité se mêle à une qualité qui dépasse les standards et redéfinit les classiques.
Il est le trait d’union des émotions, le relais vivant des générations post-indépendance.
De lui, chacun de nous garde une chanson, un vers, un souvenir, une séquence de vie.
Pour le comprendre, il faut l’écouter. L’écouter comme on écoute Julio Iglesias ou Mike Brant, ces artistes d’émotion pure. Il faut aller le chercher loin, car Koffi est le fruit d’influences multiples, de courants artistiques croisés, d’une formation riche et d’une démarche quasi-scientifique.
Il a écouté, étudié, collaboré. Les premières années de sa carrière passent par toutes les grandes figures de la rumba : il a croisé tous les faiseurs de hits. Il est un athlète de l’art, méticuleux, méthodique, qui conçoit chaque œuvre comme un entraînement au sommet.
Ses albums, ses prestations, ses mises en scène, tout est pensé. Koffi a déjà touché le ciel. Le ciel artistique.
À l’approche de ses 70 ans, l’homme aux mille idées est une bibliothèque vivante, un carrefour de mémoires. Plus de cinquante ans de musique, de rencontres, de joies et de blessures ont façonné l’homme derrière la légende.
Car derrière le nom Koffi Olomidé se tient aussi Antoine Agbepa, l’homme. Avec ses peines, ses doutes, ses colères, ses solitudes. Un homme que le succès n’a pas toujours comblé, qui espère encore que le temps arrangera les choses. Mais le temps file, et la fatigue du guerrier devient un terrain vulnérable aux attaques et aux revancheurs.
Et pourtant, malgré tout, malgré tous, le Grand Mopao traverse les décennies et inscrit son art et son nom au Panthéon de notre culture.
Koffi Olomidé, c’est aussi Antoine Agbepa :
Deux faces d’une même pièce. Une pièce en or que chacun doit garder précieusement.
Par Eddy Fleury Ngombé
Acteur Culturel depuis 1992
Président de CULTURE CONGO AVENIR
Administrateur de TAMARIS.