POESIE : La réédition de «Premier chant du départ» de Martial Sinda en vente

«Premier chant du départ» de Martial Sinda, publié par Pierre Seghers en 1955, est le premier recueil de poèmes de l’Afrique Equatoriale Française (AEF), Grand Prix littéraire de l’AEF en 1956. Ce prix, créé pour les écrivains coloniaux, est remis pour la première fois à un Noir. De 60 pages de l’édition originale, la réédition commémorative des 70 ans de la publication par Orphie fait 204 pages. 36 poèmes d’époques sont inédits. On retrouve un riche paratexte: préface inédite de René Maran, avant-propos de l’auteur pour resituer le texte dans son contexte, photos d’époque, autographes d’époque de Gaston Bachelard, le gouverneur général Delavignette, Senghor, Césaire, un appendice historique… Le livre est désormais en vente. Nous vous donnons à lire le poème inédit «Mon village» dans lequel le poète Martial Sinda célèbre son village natal M’Bamou-Sinda.

Mon village

Salut,
Ô célèbre M’Bamou-Sinda, mon village natal !
Comme tu es fièrement assis sur ta colline verdoyante,
Comme tu es jalousement encadré par la Madzia et la Moutiba,
Deux rivières protectrices dont les génies magiques
Veillent sur l’avenir et le destin de tes enfants,
Pour qu’ils deviennent des hommes-comme-il faut,
Des messieurs-comme-il faut-qui-comptent-dans-la-vie,
Ce soir,
Je pense à toi comme on pense à un Être vivant.
Mais que sont devenues
Les maisons de mon célèbre village,
Ce M’Bamou-Sinda, où j’ai salué
Le jour et les premières tendresses de la vie ?
Belles mesures de mon beau village aux murs crépis
À la chaux et au sable de la Madzia et la Moutiba,
Mais qu’êtes-vous devenues,
Depuis ?
Ah ! Comme je voudrais revenir,
Redevenir tout enfant et vivre
Dans mon magnifique et attirant village
Pour y revoir ma mère réunir le soir les enfants du village
Et revoir aussi mon père lui-même jouer
Le tam-tam des jours de fête
Pour distraire dans une folle et joyeuse farandole
Les gais enfants du village M’Bamou-Sinda !
Tam-tam des hommes heureux, résonne,
Résonne, tam-tam des jours de fête perpétuelle,
Pour distraire les gais enfants du village M’Bamou-Sinda !
Ah ! Comme je voudrais vous revoir tous réunis,
Revivre avec vous tous, habitants de mon village,
Revivre avec vous tous, morts ressuscités de mon village
Mais que sont devenus mes arbres fruitiers ? […]

Thierry SINDA (La Semaine Africaine)

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