Kinshasa, 20 octobre 2025 (ACP).- La danse des bouchers, un rythme musical apparu en 1964 à Brazzaville, a été reconnue comme la matrice des rythmes syncopés qui ont façonné la musique congolaise moderne, a indiqué un opérateur culturel, lors d’un échange lundi avec l’ACP.
« La danse des bouchers est la souche de tous les rythmes syncopés et danses actuels de la musique congolaise. Apparue en 1964, elle est au départ l’imagination d’un boucher du marché Total de Bacongo à Brazzaville, Ĝonda (prononcer ho-nda), dans sa gestuelle « fantaisiste » de découper de viande sur son étal, aux fins de se distinguer et s’attirer ainsi les bonnes grâces de la clientèle. Avec son collègue d’étal contigu, ils se sont mués en chorégraphes», a déclaré Audifax Bemba, opérateur culturel.
«La danse des bouchers s’est propagée dans tous les quartiers de la capitale congolaise, avant de boucler son cycle (naturel) en milieu orchestral qui lui trouve une musique, notamment les Bantous de la capitale. Ce fut l’apparition de la rumba syncopée et sa rythmique saccadée, dans ses différentes étapes d’évolution: danses et rythmes des bouchers d’abord, puis kiri-kiri en 1967 (initié par Édo Ganga), enfin soukous en 1968, initiés chez et par les Bantous de la capitale à Brazzaville», a-t-il ajouté, en soulignant qu’elle est née au sein de la rumba congolaise, où elle prend place dans les passages instrumentaux pour permettre aux danseurs de s’exprimer pleinement.
« Dérivée de la rumba, la danse des bouchers intervient d’abord dans la partie instrumentale de la chanson, où danseur et cavalière se lâchent pour s’exhiber à la danse ou ajuster un accoutrement déréglé au cours de celle-ci. Inspiré, Joseph Mulamba Mujos, alors sociétaire des Bantous de la capitale, lance la chanson « La danse des bouchers » (1964, Mujos et l’orchestre Bantous)», a précisé Audifax Bemba.
Et de poursuivre : « L’instru devient l’occasion de poser les pas de boucher grâce au soliste qui donne le ton. Aux concerts des Bantous de la capitale c’est l’instant où surgissent « deus ex machina » sur le podium, Joseph Samba « Wello », Dominique Mbimi « Stein », Germain Moumbouolo « Bringo », Mpassi Bernard « Berba », Jean-Pierre Massengo « Fonctionnaire », Yinda « Oro », jeunes de Moungali, pour la minute de démonstration consacrée»
Naissance des Ballets modernes dans les orchestres de la musique congolaise moderne
La danse des bouchers a également ouvert la voie à une véritable révolution scénique. C’est en son sein que se sont dessinés les premiers ballets modernes intégrés aux orchestres, une dynamique impulsée par Joseph Samba Wello et sa troupe.
«Ici encore prennent naissance les Ballets modernes dans les orchestres de la musique congolaise moderne, plus que jamais répandus de nos jours. Pour mémoire, l’ossature de ce ballet de Joseph Samba Wello sera le premier en RDC recruté â Brazzaville par Rochereau et l’African-Fiesta National en 1969. Zaïrianisation oblige, la troupe sera écartée au profit de nationaux, au cours de leurs préparatifs pour l’Olympia de Paris en janvier 1970 », a-t-il expliqué.
Sur injonction de Mr Kamanda wa Kamanda, directeur de cabinet à la présidence de la République, en charge de les superviser. Elle sera aussitôt récupérée par Luambo Franco et l’Ok-Jazz. Ainsi après Brazzaville, Joseph Samba Wello et sa troupe introduisent la chorégraphie de danses arrimée aux orchestres kinois.
«Enfin en 1965, paraît « Lolaka lua boso » d’Essous, boucher intègral, où toute la section rythmique se met en mode syncopée, bassiste, accompagnateur, soliste. Succédant à la danse des bouchers, le kiri-kiri va temporiser la gestuelle avant que le soukous n’en stabilise les mouvements à son tour pour en faire désormais la référence générique des danses actuelles, toutes, sans exception, sur les deux rives du majestueux fleuve Congo», a-t-il conclu. ACP/JF
source : apd.cd