Emile Biayenda, batteur et percussionniste : la batterie, voix du corps et de l’esprit

Plus qu’un simple générateur de rythmes, la batterie elle est un langage, un canal d’expression qui relie l’humain à des dimensions insoupçonnées. Emile Biayenda partage une vision profondément spirituelle de cet instrument.

Pour le batteur, percussionniste, auteur-compositeur et fondateur de l’ensemble Les Tambours de Brazza, elle le prolongement de sa pensée, une passerelle « entre le terrestre et le spirituel, entre le corps et l’âme ».

Au cœur de cet instrument, qui façonne le paysage du jazz, deux éléments fondamentaux incarnent cette dualité entre ancrage et élévation. La grosse caisse, avec son battement profond et viscéral, représente la connexion à la terre, à la racine, à l’origine du rythme.

C’est elle qui insuffle la stabilité, qui vibre dans les entrailles et donne au musicien un socle sur lequel bâtir sa phrase rythmique. « Elle est le socle, la fondation, le rythme du cœur du monde », affirme-t-il.

Tranchante et percussive, la caisse claire est un élan vital, un battement qui pousse en avant, qui secoue et hypnotise. Elle dialogue avec la grosse caisse dans un échange constant, où se joue l’essence même du groove. « Son claquement vif évoque le battement des mains, l’élan vital qui nous pousse vers l’avant, une cadence hypnotique qui nous prépare à un état de transe ».

Entre ces deux pôles, « il y a les voies de passage, les éléments intermédiaires qui nous guident vers l’élévation », poursuit-il expliquant que la batterie se déploie comme un chemin initiatique. Chaque élément est une étape sur la route du musicien.

Fin et scintillant, le charleston évoque le bruissement des maracas des rituels ancestraux, une invitation à la danse intérieure. Les toms sont des sentiers vers l’ailleurs, leurs battements profonds « nous mènent au seuil du monde spirituel ».

Quant aux cymbales, elles surgissent comme des éclats de lumière, des portes ouvertes vers des dimensions supérieures, où chaque crash est une brèche dans la conscience, une onde qui transporte au-delà du tangible.

Un instrument de méditation

« Bien que bruyante et imposante, la batterie est paradoxalement un outil de méditation. Chaque frappe est une pensée incarnée, un dialogue entre l’instrument et celui qui le joue », souligne le percussionniste originaire de la République du Congo.

Au final, pour Emile Biayenda Bia Sémo, jouer de la batterie, c’est en quelque sorte dialoguer avec l’invisible, entrer dans une danse où souffle et battement fusionnent pour créer un langage universel.

SDC

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *