TRIBUNE. Cela fait près de 40 ans que notre scène musicale ne produit plus d’œuvres marquantes, touchantes, universelles. Les derniers grands titres de Pamelo, Théo Blaise, Kosmos, Loko Massengo, Zao, Youlou Mabiala datent des années 80/90. Depuis ? Silence. Stagnation.
Mais le problème ne vient pas seulement des politiques ou du manque de soutien public. Il est aussi dans nos propres rangs.
Nos grandes figures musicales n’ont pas su accompagner les nouvelles générations.
Dans un pays où la musique vit dans chaque foyer, aucun jeune artiste ne se revendique vraiment héritier de Pamelo, Youlou Mabiala, Ange Linaud, Kosmos, Ballou Kanta, Loko Massengo ou Théo Blaise Kounkou, Kimbolo Clotaire,…
Et pire encore…
Dans ce pays qui a vu briller Papa Noël Nedule, Gerry Gérard, Master Mwana Congo, Freddy Kébano, Ninon Malapet, Jean Serge Essous, Bruno Houla, Jeff Bikouta,…
Aucun hommage, aucune référence, aucun geste de filiation de la part des artistes d’aujourd’hui.
Comment prétendre transmettre et faire vivre la Rumba, notre trésor classé patrimoine de l’humanité, si les générations ne se parlent pas, ne créent pas ensemble, ne se reconnaissent pas entre elles ?
Non, ce n’est pas toujours la faute des ministères ou des budgets.
Artistes, producteurs, acteurs culturels : vous avez aussi déserté vos responsabilités.
Mais il n’est pas trop tard.
Chantons ensemble, anciens et nouveaux.
Travaillons sincèrement pour retrouver notre fierté musicale.
Le talent est toujours là.
Ce qui manque ? La volonté. Et un peu d’humilité.
Près de 40 ans de silence artistique.
Un signal d’alarme que les décideurs doivent entendre.
Trop d’argent public a été gaspillé sans relancer sérieusement le secteur.
Même les recettes qui ont fait notre succès n’ont jamais été réutilisées.
Ce qu’il aurait fallu faire :
Recréer de vrais studios d’enregistrement
Organiser et protéger les droits d’auteur
Diffuser des programmes culturels à la télé et à la radio
Créer des lieux d’expression artistique dans chaque arrondissement
Valoriser nos artistes dans toutes les cérémonies officielles
Et vous, artistes…
À force de privilégier la recherche de gains immédiats, vous avez peu à peu troqué l’inspiration contre la répétition.
Votre production est devenue fade, faible, sans âme.
Insuffisante pour rivaliser à l’échelle régionale, encore moins mondiale.
Pourtant, un souffle nouveau est arrivé au début des années 90 avec Extra Musica, entraînant dans son élan une belle vague de groupes dits « jeunes ».
Mais à peine 15 ans plus tard, déjà un essoufflement.
C’est dire à quel point le mal est profond — et que la volonté politique sera salvatrice pour le rayonnement de notre culture, donc de notre pays.
Il est temps de retrouver notre âme musicale.
Brazzaville, le 8 juillet 2025.
Eddy Fleury NGOMBÉ
Président de CULTURE CONGO AVENIR
Président de L’Union des Producteurs de Musique du Congo.