DISPARITION. Vétéran respecté et véritable icône de la Sape et de l’élégance congolaise, Kiki Lamame dit ‘‘Parisien Kiboba’’ (Grégoire Fila à l’état-civil), âgé d’environ 90 ans, est décédé dans la nuit du 29 au 30 novembre 2025 à Brazzaville, suite à une maladie, laissant un vide immense dans le monde de la mode urbaine et de la culture congolaise, et dans le cœur de ceux qui l’ont connu et admiré. Depuis l’annonce de sa disparition, la communauté de la Sape est dans la tristesse, et les hommages affluent de partout, soulignant l’impact culturel, humain et artistique d’un homme qui aura marqué de nombreuses générations.
Kiki Lamame faisait partie des grands maîtres de la Sape. Il était facilement reconnaissable par son style impeccable, son charisme naturel et sa démarche mesurée. Pour lui, la Sape n’était pas seulement un art vestimentaire, mais une philosophie de vie, de discipline, de dignité, d’exigence et de transmission. Sa silhouette élégante, ses couleurs harmonisées avec précision et son sourire discret faisaient de chacune de ses apparitions un moment mémorable. Son décès laisse un silence lourd dans les rues qu’il illuminait de sa présence.
Homme discret, mais incontournable, sa disparition dépasse largement le cercle des Sapeurs. C’est toute une partie de la mémoire culturelle de Brazzaville qui s’efface. Les réseaux sociaux, les communautés artistiques et les figures de la mode urbaine expriment unanimement leur tristesse et leur reconnaissance pour sa contribution dans le domaine de la Sape. Malgré la douleur, une certitude demeure, Kiki Lamame ne disparaît pas, il entre dans la légende. Son style, sa sagesse, son sens de l’attitude, ses gestes mesurés et sa philosophie continueront d’inspirer les jeunes sapeurs et tous ceux qui croient que l’élégance peut-être un chemin, voire une résistance.
Ils ont témoigné :
«Lamame m’a appris que la Sape commence par l’attitude. Je perds un maître et un grand formateur, j’ai beaucoup appris à ses côtés, mais je garde en moi ses enseignements et sa sagesse. Il prenait son temps pour encadrer les jeunes. Je marque ma reconnaissance à son égard, je prends l’engagement de continuer son œuvre tant que je vivrais», Lastam Navaro.
«Elégant, charmant et captivant, Kiki savait faire le choix de la qualité de ses habits et de ses chaussures. Il savait marier les couleurs, et avait le don de rendre chacun plus grand. Le réglage, la ‘’diatance’’ et la forme était son quotidien. Il aimait et consommait la Sape. Humble et courtois, il prenait le temps de saluer ceux qui l’approchaient, même quand il était pressé. Il était ouvert, et avait de la considération pour les uns et les autres», Lisette Yéké.
«Il était toujours disponible et prêt à poser pour la photo. De même, Kiki est un modèle à suivre pour l’objectif et pour la Sape. Il n’avait jamais besoin de poser, il était la pose, ses photos resteront des trésors», Landos Décor.
«En ce qui me concerne, c’était un aîné et un guide pour lequel j’avais beaucoup d’admiration et d’estime par rapport à ce qu’il faisait dans le domaine de la Sape. Il ne jurait que par la Sape. J’avoue que j’ai beaucoup appris auprès de lui. Avec lui, la Sape n’était pas une compétition, mais une élévation», Ladislas Griffé.
Alain-Patrick MASSAMBA/La Semaine Africaine