Congo/DISPARITION : Achille Mouebo, ‘’le roi de Mutenfo’’ s’est éteint

Auteur-compositeur, interprète, guitariste et chanteur, Achille Mouebo a rendu l’âme, à 54 ans, le 21 octobre 2025 à Pointe-Noire, aux premières heures de la matinée dans sa maison au quartier OCH, dans le 1er arrondissement Emery Patrice Lumumba. Figure majeure de la musique congolaise, il a conquis de nombreux mélomanes à travers ses compositions avec des variétés thématiques. Il a exercé son art avec beaucoup de passion et de détermination.

L’artiste-musicien débute sa carrière musicale en 1990, puis crée son propre groupe en 1996. Son premier album ‘’Filiation’’ paraît en 2002 à Douala, au Cameroun. Au fil des années, il se forge un style unique qu’il qualifiait de ‘’Mutenfo-pop’’, un métissage alliant rock, folk, zouk et traditions de l’ethnie kugni dont il est originaire. Il chantait en français, en kituba, en lingala et en kugni, délivrant dans ses textes un message d’amour, de fraternité et de sensibilisation sociale. Dès ses débuts, il n’a pas seulement été un artiste-interprète, il s’est investi dans des causes sociales, notamment la lutte contre le Sida (les bénéfices de certains concerts étant reversés à cette cause).

Bien que diversifiante, la musique d’Achille Mouebo s’est souvent muée en tribune pour parler des défis de la jeunesse, de l’amour, de l’unité, de la tradition et du changement. Malgré un handicap (il avait perdu l’usage de sa jambe gauche à l’âge de deux ans), il avait fait de cette épreuve une partie de son discours artistique. Avec son décès, c’est une voix singulière de la musique congolaise qui disparaît. Sa capacité à mêler tradition et modernité, à écrire en plusieurs langues autochtones et véhiculaires, à proposer une musique à la fois populaire et réfléchie, le distinguait d’autres artistes.

Artiste polyvalent, il offrait une musique accessible, mais intelligente. Malgré son handicap, il a transformé sa vie en source d’inspiration. Il a été une voix pour la jeunesse, pour l’unité, pour la tradition, et pour la modernité. Achille Mouebo n’était pas seulement un musicien, il était un passeur de culture, un artisan de joie, et un militant de l’âme congolaise. Sa disparition laisse un grand vide chez ses nombreux fans, et notamment à ceux de Dolisie (Niari), Pointe-Noire, Kouilou.

Il a eu un parcours artistique assez atypique. Empruntant des styles variés, il s’inspire notamment de Johnny Halliday; Tracy Chapman; Lucky Dubé. Mais, il se démarque d’autres artistes congolais de sa génération, puis s’écarte des sentiers battus de la mode. Fort de son talent, il laisse sur le marché phonographique un album titré ‘’Station-service’’, une œuvre dont il venait d’entamer la promotion et la vulgarisation.

Alain-Patrick MASSAMBA/La Semaine Africaine

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