L’écrivain congolais, M. Malachie Cyrille Roson Ngouloubi, alias Ecrivain Sacré, a rendu un hommage à titre posthume au feu Valentin-Yves Mudimbé dans son poème narrateur évoquant l’illustre disparu, intitulé «Elégie lunaire pour Valentin Mudimbé », décédé le 22 avril à New York aux États-Unis d’Amérique.
«Toi le thaumaturge du verbe oublié, toi qui hantes la caverne des prophètes exilés, où la parole crépite comme une torche d’os, tu as dit d’un souffle tremblé de lucidité que la gloire est un fantôme, un simulacre aux ailes de fumée, un éclat vespéral qui ne s’accroche qu’aux corniches du néant», a-t-il déclamé dans un extrait de son poème en rendant l’hommage à l’illustre disparu.
«Tu as vu les spectres en pourpre sur les estrades du monde, les vanités s’éployer en hologrammes sépulcraux, et tu leur as jeté ton mot comme une malédiction phosphorescente. Ô poète des lucarnes hautes. Ta parole est une incantation sidérale, une arche d’insoumission, une glose incandescente dans la bouche des orphelins du Verbe », a-t-il récité.
Né le 8 décembre 1941 à Likasi en République démocratique du Congo(Rdc) à l’époque de l’ex Zaïre, Valentin-Yves Mudimbé est un écrivain, philosophe, anthropologue et critique littéraire congolais. Marquée par une réflexion sur la décolonisation des savoirs et des imaginaires, son œuvre a profondément influencé les études postcoloniales.
Dès le bas âge, il s’est destiné à la prêtrise en fréquentant des séminaires jusqu’à faire son noviciat dans un monastère bénédictin. Mais, en 1962, le « métier » de la foi ne l’intéresse plus et il décide d’abandonner cette voie pour s’inscrire à l’université, où il fut l’élève du philosophe Franz Crahay.
En 1970, il obtient un doctorat en philosophie et lettres à l’Université de Louvain en Belgique. De retour au Congo, il enseigne à l’université nationale du Zaïre en campus de Lubumbashi. Très actif dans les revues publiées alors au Congo Présence universitaire, Congo-Afrique, Études congolaises, en jouant aussi un rôle essentiel
Son œuvre littéraire, d’abord des poèmes et ensuite ses romans, a été écrite en français et publiée, pour l’essentiel, par l’édition Présence africaine à Paris. Elle semble s’être achevée en 1989 par le roman Shaba deux, les carnets de Mère Marie-Gertrude, roman à la fois politique qu’il a pour cadre la seconde guerre du Shaba.
Ce roman dénonce aussi les brutalités de la soldatesque zaïroise et spirituelle, son narrateur est une religieuse congolaise franciscaine qui affronte à la fois la question du mal, celle du silence de Dieu et celle de la prise de responsabilité après l’évacuation des religieuses européennes.
En 1979, il a pris la route de l’exil qui l’emmenait dans de nombreux pays d’Afrique et d’Europe occidentale. Mais il finit par s’établir aux États-Unis où il a enseigné au Haverford Collège et à l’université Stanford. Plus tard et jusqu’à son décès, il enseigne à la Duke University.
ACI/Kesnov Medurin Ngouolali