Congo/Portrait : Dieudonné Massengo, le vieux coach exemplaire

Natif du village Madeko, non loin de Louingui, dans le département du Pool, Dieudonné Massengo, alias Mass, est un ancien entraîneur de football des années 70. Eloigné des terrains et affaibli par la maladie, il n’en demeure pas moins un passionné du sport le plus pratique du monde.

‘’Coach Mass’’ et le football ont une longue histoire qui commence dès la plus tendre enfance. «C’est depuis mon enfance que je suis passionné du sport-roi. A notre époque, c’était la seule distraction. Tout petit, je voyais Nicolas Nzoussi, alias «Maki-Masta’’, entraîner les enfants du quartier. Il avait aussi son club qu’on appelait ‘’Fusée noire’’.

Homme aux multiples casquettes, Maki-Masta organisait et dirigeait les enfants du quartier à travers les petites compétitions. Il était un grand sportif. Lorsqu’il officiait les compétitions. Même quand il perdait, le lendemain, on le voyait revenir au stade. Je me suis collé à lui car il me prodiguait des conseils du genre: «Quand tu vas au stade, ne vas pas voir les Diables-Noirs, Etoile du Congo, CARA…Là, tu n’apprendras rien. Va plutôt assister aux matches d’AS Bantou, Télésport, Stade Congolais, Standard. Il faut également suivre le bon joueur et être capable d’interpréter ce qu’il fait. Dès lors, j’ai commencé à regarder les matches de CS Négro où évoluaient Samba Mbaho, Malonga… De retour du stade, on se retrouvait avec lui pour discuter. Un jour, il m’a envoyé suivre Lipopo et Amoyen. Cela m’a énormément fait plaisir, à telle enseigne que j’ai créé le club Chatler, présidé par Ferdinand Diamesso qui m’avait confié la direction technique. C’est à partir de là que je suis devenu entraîneur. Nous avions joué plusieurs rencontres : Black Stars, Pénarol, Reims, Polytechnique de Poto-Poto et j’en oublie. Nous étions éliminés au tournoi de Vox organisé par Belvis Malonga», se souvient-il.

«Après cet échec, nous avons recruté d’autres joueurs, comme Joseph Moundane, Samba alias Diable sec, le spécialiste des corners ; Antonio, Nkouka ‘’Matins’’, Bakekolo ‘’Kwakara’’. Nous avons aussi participé, au stade Dix maisons, au championnat inter-arrondissement remporté par Kotoko. Nous avons occupé la troisième place. Non satisfait de ce résultat, Matins est allé dans Diables-Noirs, Mvouayamadé et Mbani-Madzou dans Patronage Sainte-Anne, Moundané dans l’Etoile du Congo. Le club Chatler s’est disloqué quand j’ai satisfait au concours d’entrée au CTI de Pointe-Noire», se souvient-il. Lui-même a fini par intégrer le milieu du mythique club de football Diables-Noirs ‘’Yaka dia mama’’. «Je n’ai jamais joué, ni entraîné Diables-Noirs. J’accompagnais seulement Nkouka ‘’Matins’’ aux séances d’entraînement. C’est lui qui m’a fait découvrir le Stade Marchand», explique-t-il.

Dieudonné Massengo garde de bons souvenirs du monde du football qu’il a côtoyé pendant plusieurs décennies. «Parmi les souvenirs, je retiens celui de notre match joué en nocturne dans la rue face au club Kaoud. C’est au cours de ce match que j’ai vu pour la première fois Ndomba ‘’Géomètre’’, qui était rentré en deuxième période. Sa première touche de balle avait fait beaucoup bouger tout le stade. Lipopo, notre entraîneur, était obligé de rentrer pour le contrer. Dieu merci, nous avions un bon gardien, Mvouayamadé. Nommé au poste de commissaire aux comptes à la sous-ligue de football de Moungali, je ne connaissais pas ce rôle mais quoi faire, malheureusement… ?»

Quel regard ‘’coach Mass’’ porte-t-il sur le football congolais actuel ? «Le football d’aujourd’hui est axé sur l’argent, alors que nous, on jouait pour la joie. Si nous avons eu les opportunités qu’ont les jeunes aujourd’hui, nous serions à l’étranger. Mes regrets ? Il n’y a plus d’espace de rue où les jeunes peuvent exprimer le talent qui sommeille en eux. C’est pour cette raison qu’ils s’adonnent plus aux femmes et à l’alcool», affirme-t-il.

Equateur Denis NGUIMBI/Lasemaineafricaine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *